Si l’origine remonte probablement à la conquête des gaules et à la création de la Neustrie, c’est au XII siècle qu’une petite communauté rurale entreprend les défrichements nécessaires aux cultures pour sa subsistance.  La localité tire son nom de celui du cours d’eau qui l’arrose. Beuvron, « la rivière aux castors », est un nom gaulois bien connu.

 

La baronnie de Beuvron, d’abord fief de la vicomte d’Auge et relevant de la châtellerie de Touque, passa dans la maison d’Harcourt en 1374 par le mariage de Philippe d’Harcourt avec Jeanne de Tilly, qui lui apporta les fiefs de Héricourt, Tilly, Beuvron, Beaufou, Druval et Sainl-Aubin-de-Lébizay. Ces terres sont donc liées à la famille d’Harcourt qui les possède de 1382 à 1793.

  

Le marquisat de Beuvron fut formé en 1593 de la réunion des fiefs d’Auricher et d’Angerville en la vicomté d’Auge, ainsi que des baronnies de Méry et de Cléville, aux baronnies de Beaufou, Beuvron, Druval et Saint-Aubin-de-Lébizay.

 

La commune actuelle de Beuvron-en-Auge a été constituée par la réunion des commune de Beuvron et Clermont qui formaient chacune avant 1790 une paroisse et communauté (Décret du 13 août 1858). Beuvron intègre la commune de Clermont par le décret du 13 août 1856. Le complément « en-Auge » est ajouté à Beuvron.

 

Le développement du bourg commence vraiment au XVè siècle pour atteindre son apogée au XVIIè et XVIIIè siècles. A la fin du XVIIIè  et au début du XIXè siècle, le tannage et le tissage assurent la prospérité du village. Au XIX siècle, c’est un centre important pour le commerce des bestiaux et le chemin de fer y fait son apparition en 1879. De nombreux commerçants et artisans s’installent sur la place autour de la halle en bois construite en 1850 (détruite en 1958). Mais, conséquence des temps modernes, au début des années 1970, la population a diminué de moitié en 50 ans, les commerçants et les artisans ferment boutiques et ateliers. Beuvron est alors sur le point de devenir un village déserté.

 

La construction de l’autoroute A13, qui passe à seulement 6 km au nord du bourg, inquiète les élus qui craignent de voir la commune perdre son identité avec l’afflux de touristes. Sous l’impulsion de son maire, Michel Vermughen, la municipalité choisit une voie plus respectueuse des traditions du Pays d’Auge pour conserver et animer ce petit village au patrimoine architectural remarquable. L’ensemble de la commune est inscrit parmi les sites en août 1972 et la municipalité, aidée par le Département et l’Etat, se lance dans un ambitieux programme de restauration et de mise en valeur. En 1975, une nouvelle halle est construite au centre de la place avec des matériaux de réemploi issus de bâtiments démolis sur le passage de l’autoroute. Les anciennes maisons sont restaurées avec le plus grand soin et Beuvron retrouve bientôt un charme qui lui vaut une grande notoriété. Il acquiert peu après le label des plus beaux villages de France.

 

Beuvron-en-Auge est désormais sauvé. Le petit bourg quasi désert des années 1970 a fait peau neuve et il accueille aujourd’hui de nombreux touristes en quête d’authenticité. En période estivale, c’est une foule de visiteurs (la mer est à 15 kms) qui investit la place et la rue principale pour découvrir l’architecture augeronne et ses détails savoureux. La notoriété de Beuvron a grandi et la municipalité s’attache à conserver son patrimoine, attrait touristique puissant qui génère des sources d’activités et de revenus.

 

(Source Société historique des amis de Lisieux / DREAL).

 

 

 

Extraits de la "Statistique Monumentale du Calvados" rédigée par Arcisse de Caumont, en date des années 1847 et suivantes, sur l'église de Beuvron-en-Auge et le Vieux Château et l'église de Clermont.

 

L'Eglise de Beuvron-en-Auge

 

L’église de Beuvron est sous l’invocation de saint Martin. L’église de Beuvron est en forme de croix, avec un choeur à pans coupés ; des deux côtés de la porte, on a établi de grandes niches cintrées, destinées à recevoir des statues. De petites fenêtres tréflées, du XVe. siècle, se voient dans les murs de la nef, au nord et au midi.

Une litre extérieure porte, alternés, l’écusson des Harcourt et un écusson parti d’Harcourt et d’azur à la tour d’argent qui est Le Tellier de Tourneville ; ces deux écussons sont séparés par des écussons de plus grande dimension portant les armes d’Harcourt.

 

Il existait dans l’église de Beuvron une confrérie ou association pour "bien mourir", sous l’invocation des saints Anges Gardiens. C’est le titre d’un petit livret imprimé en 1789. Ce petit livre nous apprend que la confrérie fut fondée en 1686 par M. Perrier, curé de Beuvron, avec l’approbation de Mgr. l’évêque de Lisieux, Léonor de Matignon. Une bulle d’Innocent XII, en date du 11 juin 1697, continua la fondation. Elle avait pour objet de conserver les fruits d’une retraite prêchée dans la paroisse, et ce but fut atteint ; car à la première fête qui fut célébrée après la concession des indulgences, on compta plus de 3,000 communiants : de sorte que, dit le livret, quoiqu’il y eût beaucoup de confesseurs, on fut obligé d’administrer la communion jusqu’après les vêpres.

 

Le Château de Beuvron-en-Auge

 

Le château se trouvait à quelque distance du bourg ; il est totalement démoli. J’y ai vu, il y a trente ans, une première enceinte entourée de murs et de fossés ; puis une seconde enceinte, ou espèce de motte sur laquelle s’élevait un château carré en ruines, paraissant du temps-de Henri IV. Ce château avait probablement été bâti à la place qu’occupait un château plus ancien. La porte de l’enceinte extérieure, flanquée de tours rondes, paraissait antérieure au XVIe. siècle (XVe. ou XIVe. siècle ).

 

L’église de Clermont

 

Placée, comme celle de Saint-Aubin, sur une éminence d’où l’on découvre la grande vallée, est éclairée par des fenêtres du XVIII. siècle. Probablement la façade et la porte sont de cette date. Le chœur rectangulaire est très-petit et en retrait sur la nef. Les murs actuels paraissent modernes, surtout dans toute, la partie méridionale ; il reste, du côté du nord, un contrefort plat avec une étroite fenêtre cintrée qui a été bouchée à l’époque où l’on a percé des fenêtres modernes, et le mur nord du chœur présente des pierres noyées dans un épais mortier disposées en arêtes de poisson : ce sont les seules traces de l’époque romane que l’on puisse constater.

J’ai vu encore un modillon employé dans le mur occidental.

La tour est posée à plomb de la façade occidentale et terminée par une pyramide recouverte d’ardoise.

Le chœur, extrêmement étroit et court, est voûté en bois.

La sacristie est en bois, accolée au chœur, du côté de l’évangile.

L’arcade cintrée en pierre, entre le chœur et la nef, doit être du XVII. siècle, peut-être même du XVIII.

L’église, qui n’est plus paroissiale, est entretenue avec soin ; elle est sous l’invocation de saint Michel.

Le seigneur nommait à la cure; c’était, au XIVe. siècle, Jeh. Pouchin, d’après le Pouillé de l’évêché de Lisieux.

 

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